Les chroniques d'Esther H

lundi 30 mars 2009

Les États généraux de la presse écrite ou la grande mascarade libérale



Les patrons de la presse écrite refusent tout débat sur l’avenir de l’écrit aux syndicats de journalistes, pourtant les premiers concernés, depuis de nombreuses années.
Pour justifier leur attitude, ils présentent la perte de lectorat, baisse dans la diffusion et chute de la publicité comme une fatalité.
Ils ont préféré attendre la bénédiction du président de la République ultralibéral pour l’organisation des États généraux de la presse écrite.

Les Etats généraux de la «presse écrite, une grande réunion de patrons, d'éditeurs et si peu de représentants des travailleurs, de journalistes.
Ah oui ! Entre patrons on se comprend et on partage les mêmes ambitions !
Obtenir toujours plus. Plus d'aides, réviser les lois qui, à entendre ces messieurs, entravent le bon fonctionnement de leurs entreprises (loi Bichet), terminer le travail d’éradication de l’organisation syndicale des ouvriers du Livre et de casse du statut du journaliste, notamment.
Pour nombreux de patrons de presse, d'éditeurs et même certains proche de "socialistes de salon", refonder la presse, c'est circonscrire à légitimer leur politique ANTISOCIALE, et la faire entériner par monsieur Sarkozy.

Bref, les États généraux ne visaient ni à redonner de la crédibilité à l’information, ni à remettre en cause leurs politiques éditoriales.
L'unique but est économique.


Les préconisations des États généraux visent à sortir définitivement des règles issues de la Libération et du pluralisme d’idées pour mieux rentabiliser une multiplicité de titres monocolores.
C’est le triomphe de la financiarisation de la presse et une oui, une grave défaite pour notre démocratie.

Bien-sûr, il n'est pas facile d'assumer, surtout quand on est éditeur et que l'on se prévaut d'une certaine gauche, en qui les Français désormais ont du mal à adhérer, notamment pour le manque d'engagement en politique sociale.



Mais en s’en remettant au politique, les patrons de presse ont fait le choix de la soumission.

Les journalistes seront les premières victimes de cette proximité de leurs patrons vis-à-vis de la caste au pouvoir. L'opinion publique, sera l'autre victime qui va finir par perdre ses repères et au final sa confiance dans toute cette masse de médias.

Nicolas Sarkozy, en apportant la caution de la plus haute autorité de l’État à cette mascarade, porte une accablante responsabilité.

Il y trouve un intérêt immédiat pour lui-même, ses visées électorales et arrange à plus long terme ses amis, pour lesquels l’information est une source de profit.
Mais le Peuple n'est pas dupe. Le Peuple est en colère.
La grande majorité des syndicats avaient depuis longtemps mis en exergue les dangers de la concentration, de la précarisation plaçant l’information au rang de produit et donc conduisant à des politiques antisociales pour abaisser les coûts et doper les profits.

C'est le quotidien dans toutes les entreprises de presse, chez de nombreux éditeurs qui n'hésitent pas à pratiquer du dumping social notamment en termes de salaire.
La crise économique dont les salariés ne sont en rien responsables est utilisée comme prétexte pour permettre aux groupes de presse de lancer des plans de réduction d’emplois, virer les CDD, les pigistes... EXPLOITER.
Tant en presse quotidienne que Magazine.
Le journalisme va très mal...
Et si cette profession est sacrifiée, c'est notre démocratie qui souffre, ce sont les citoyens qui n'en peuvent plus.


Des droits d’auteur inaliénables et sécurisés

Le pôle Métiers du journalisme s’est approprié la question des droits d’auteurs des journalistes, excluant ainsi les autres pôles, et notamment celui qui était intitulé Presse et Internet, donnant ainsi la priorité à l’examen global de la problématique, plutôt qu’à un traitement partiel.

A la fin de ses travaux, le pôle présidé par Bruno Frappat a décidé de soutenir les propositions du document baptisé le Blanc, élaboré par le groupe de réflexion des droits d’auteur à l’issue de deux ans de discussions.

Pourtant, en notant que « la débat ne porte que sur la cession du droit patrimonial des journalistes, c’est-à-dire la question de la réutilisation de leurs productions », il se méprend.
Le droit d’auteur est unique ; droit patrimonial et droit moral sont, en effet, indissociables.
Réaffirmer que le droit moral ne saurait être remis en cause relève du vœu pieu.

En effet, on sait que, au quotidien, les articles et photographies notamment, œuvres de journalistes sont déjà soumis à des « retouches » plus ou moins importantes pouvant aller jusqu’à leur dénaturation complète, sans accord de l’auteur !
Le pôle Frappat prétend que « le groupe souhaite cependant dans sa forte majorité que soit mieux explicité le périmètre relevant de la cession automatique des droits » telle qu’elle est prévue par le Blanc.



Le Blanc a défini avec précision la publication de presse à laquelle une cession automatique pourrait être consentie.

Il exclut les groupes, mais il prend soin de laisser éditeurs et syndicats de journalistes régler certaines situations particulières « par voie contractuelle via la négociation collective ».
Les rédacteurs du Blanc n’ont pas envisagé de définition de « périmètres élargis ».
Enfin, le pôle Frappat se déclare « attaché à la pérennisation des accords individuels et collectifs existants et à leur principe » et préconise une « période de transition ».
De plus en plus les délégués syndicaux constatent que les accords individuels ont été le plus souvent imposés aux journalistes lors de la signature de leur contrat de travail, c’est-à-dire quand ils sont les plus faibles, et l'idée du Blanc est d’aboutir à des accords collectifs, soit dans la forme de presse, soit dans l’entreprise, sécurisés par la loi, pour éviter les effets pervers des contrats individuels imposés et restrictifs, voire injustes.

Le Blanc ayant pris soin de préciser que la cession automatique des droits durant la période de référence (à définir par vois contractuelle via la négociation collective) et couverte par le salaire est indissociable de l’existence d’une rémunération garantie aux journalistes en contrepartie des exploitations au-delà de la période de référence, toute autre solution ne saurait recevoir son assentiment.


Internet, la convergence numérique (textes, sons et images avec les mêmes supports) et l’émergence de médias en ligne «pure players » conduisent à bouleversements incontestables dans l’économie des médias, mais également dans la façon de produire de l’information...

La révolution technologique en cours ne doit en aucun cas être un prétexte pour une dérégulation sociale, un affaiblissement des critères éthiques et déontologiques ou pour la recherche des profits maximum grâce aux concentrations et à la marchandisation de l’information sur le web.
La prise de contrôle par des groupes financiers et/ou industriels des entreprises de presse et leur concentration ont en effet instauré une logique commerciale et concurrentielle dans les rédactions. Ce qui prime aujourd’hui dans toutes les entreprises de presse (écrite ou audiovisuelle et Web) ce sont les objectifs de vente (ou d’audience) et les recettes publicitaires.

Le marketing est plus important que la rigueur et la vérification de l’information, sa qualité et sa mise en perspective.
Le conséquence de cette politique éditoriale est la mise en doute de la crédibilité des journalistes.
C'est sans compter avec cette nouvelle logique de la vitesse et de l’instantané, imposée par la multiplication des médias de l’immédiateté, d’une part, et la politique de gestion des rédactions faisant de plus en plus appel à des journalistes précaires.

L'ensemble des journalistes syndicales, engagés au quotidien pour protéger le droit, défendre les plus précaires mais aussi les journalistes en postes, pensent qu’il est primordial et urgent de libérer les journalistes soumis à la pression économique et politique. C’est la raison pour laquelle, les syndicats militent pour la reconnaissance de l’équipe rédactionnelle, reconnaissance assortie de nouveaux droits en matière éditoriale.

Aujourd’hui, dans une société ultralibérale, où l’agenda est fixé par le président de la République et où le profit inscrit les nouvelles donnes de l’ordre social, les problèmes de déontologie ne sont brandis que pour faire diversion.
Ce ne sont pas des des chartes qui vont rendre sa crédibilité à l’information, mais la possibilité donnée aux journalistes pour se libérer des pressions des puissances d’argent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire