Les chroniques d'Esther H

lundi 6 avril 2009

Démocratie malade ou quand l’indépendance de la presse est bafouée


Dans l’histoire de notre démocratie, rarement l’un des droits fondamentaux des citoyens, à savoir l’accès à une information de qualité, intègre, pluraliste et indépendante, n’a autant été menacée. La situation désormais est grave.

Force est de constater que les exemples ne manquent pas ; La mainmise sur les médias de quelques grands industriels, Lagardère, Bolloré, Bouygues… , dont les liens avec le pouvoir en place ne sont plus à démontrer, est une situation quasi unique en Europe et intolérable pour la bonne santé de notre démocratie et pour l’exercice de notre profession, défiée par ces nouveaux patrons de presse pour qui seule ne compte rentabilité et profit.


L'heure est aussi à la concentration. A la création de groupes intervenant à la fois dans la presse quotidienne, nationale et régionale, la télévision (Bolloré), les radios et le secteur numérique : sites internet… et dont les intérêts commerciaux d’activités parrallèles ne sont pas négligeables.



TF1, par exemple, contrôlée par Bouygues, est en position dominante, représentant plus du tiers de l’audience totale de l’ensemble des chaînes de télévision en France. Le groupe Bouygues dépend de contrats d’Etat, de collectivités locales, dans ses activités de bâtiment, de construction.

Le groupe Lagardère contrôle en propre cinq chaînes de télévision et produit et distribue des programmes pour la télévision. Lagardère dépend de commandes de l’Etat dans le domaine de l’armement.


La concentration connaît la même ampleur dans le secteur de la presse écrite :

Lagardère, également présent dans l’armement, a aussi une position dominante dans la presse au travers de Hachette-Filipacchi (Paris-Match, Elle, le Journal du Dimanche…), Bernard Arnault et les Echos…

Comment garantir l’objectivité totale de ces titres au regard des agissements des opérateurs du CAC 40, et les accointances affirmées des principaux patrons de presse avec le pouvoir politique en place.


En outre dans la plupart de ces entreprises de presse, la diminution des coûts est le seul critère qui vaille, le dumping social l’outil de référence.

Alors au fil du temps, les titres sont fermés et de nombreux emplois de journalistes supprimés. Restructurations et plans sociaux se succèdent à un rythme infernal.

Pour les journalistes qui survivent dans les rédactions, les pressions sont énormes. La censure s’imposant de plus en plus brandissant pour unique défense les contraintes commerciales. Ce vent néolibéral qui souffle sur la presse française accable notre profession et met en danger notre démocratie et ses fondements.

Nous devons farouchement défendre le pluralisme ménacé par ces mêmes propriétaires, défenseurs de la pensée unique, qui concentrent entre leurs mains la majorité des médias français.




Les journalistes n’ont aucune vocation à diffuser une information, un message au profit d’un groupe d’intérêt. L’information ne doit en rien se confondre avec communication voire propagande, nos titres ne sont pas des « marques ».

Le Conseil de l’Europe invitait au début des années 2000 les « Etats membres a encourager les médias à renforcer l’indépendance éditoriale et d’autres moyens d’autorégulation. » Il a lui-même affirmé que « l’exercice libre et sans entrave des libertés journalistiques est vital pour la libre formation des opinions et des idées ».

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